L’Art au donjon 2011 - Pernes-les-Fontaines
Une présentation de la fresque
L’œuvre est née d’une réaction : la marche tranquille du cheminement conduit à franchir l’obstacle qui nous coince, comme la lumière s’échappe du prisme. Une réaction contre le formatage, la pensée orientée, peu autonome, décentrée de soi qui conduit à l’égoïsme.
Un lieu du Donjon manifeste physiquement ce sentiment : ce mur de séparation d’avec un jardin, aboutissant contre la base de la terrasse du Donjon d’où part l’escalier.
L’invention d’une ’petite histoire’ permit ici d’avancer encore : au début il y aurait une foule, des groupes en cheminement (des silhouettes en noir et blanc en haut et en bas d’un panneau, avec une menace, sur un fond coloré du monde extérieur. Un personnage arpente continûment ce monde, avec inquiétude, sous des crochets semblant pouvoir plonger à tout moment dans le groupe d’individus. S’échappe-t-il ? Le souhaite-il vraiment ? Quelle est sa place, sur cette diagonale, entre ces points de tension : la masse compacte et contrainte et les chemins d’une liberté possible.
Enfin, comment faire entrer le passant dans ce qui devenait une fresque ? Un texte pouvait le sensibiliser à l’ambiance de la fresque.
Il y eu d’abord le texte s’achevant sur ’A quoi sert l’Utopie ? Elle sert à cela : à cheminer’ (Eduardo Galéano). Mais c’est Antonio Machado, avec ’Le chemin se fait en marchant’ (Caminante no hay camino) qui nous a paru expliciter le mieux la fresque.
Le collectif Reg’Arts Croisés présente une œuvre composite intitulée « Ensemble et seul, le chemin se fait en marchant » qui, associant une réalisation calligraphiée avec une fresque picturale à dominante abstraite, traite le thème du cheminement de façon particulière. D’abord, s’agissant d’un travail collectif, la réflexion autour du cheminement a largement puisé dans la vie même du groupe. Les motivations artistiques de chacun d’entre-nous, les réalisations, les rapports - aussi bien critiques que bienveillants - que nous avons su développer, tout cela a constitué un creuset duquel a émergé le choix du traitement plastique de l’œuvre : la combinaison de fragments, sélectionnés et reproduits, extraits de nos peintures, collages, aquarelles ou photographies respectives, réalisés au fil du temps. Mais devant les innombrables choix de motifs possibles, les vertigineuses combinatoires, l’entreprise courrait le risque de s’effondrer sur elle-même ou, au mieux, de n’être qu’un exercice de style tournant à vide. La structuration du contenu de l’œuvre, l’histoire qu’elle raconte, est venue d’une confrontation, aussi fortuite que suscitante, entre le poème Caminante no hay camino d’Antonio Machado - appel à la réalisation autonome du sujet, à l’expérience pure - et les réalités pour le moins normatives que la société présente nous invite si subtilement à rallier.
Hugues Leiser
« Caminante no hay camino » Calligraphie, traduction
Tout passe et tout demeure, mais notre destin est de s’en aller, passer, faisant des chemins, des chemins sur la mer. Marcheur, ce sont tes traces les chemins et rien d’autre. Marcheur, il n’y a pas de chemin, le chemin se fait en marchant, Marcheur il n’y a pas de chemin, mais rien que des sillons dans la mer... | |
Antonio Machado 1917 | Traduction de Victor Artieda et Frédérique Peindarie |
Calligraphie Richard Delécolle |
Le cheminement en Vidéo
Cheminement au Donjon de Pernes-les-Fontaines
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