Un drôle d’oiseau ce « peintre-collagiste », du genre picoreur azimuté qui prend sa patte en fouinant parmi les matériaux en tous genres amassés dans les coins et recoins de son atelier. Fil de coton, trombone ou papier terni rien ne le déroute, moins encore si l’objet flirte déjà avec le rebut, car le collagiste triture ce qu’il glane avec un souci singulier, celui de produire encore « quelque-chose » avec de l’insignifiant.
Ces jeux d’agencements, de combinaisons de formes, couleurs et textures en vue de créer des figures aussi multiples qu’improbables ne sont pas pour lui déplaire. Et là se situe précisément le piment du jeu : rassembler des fragments d’images, de papiers calques ou des circonvolutions de brins laineux, d’en conserver traces -parfois ténues mais bien réelles - au cœur d’un ensemble enrichi de formes nouvelles. Alors peuvent surgir de surprenants echos. Au point d’éclat de leur résonance le geste est suspendu. L’œuvre finale est ainsi l’aboutissement apaisé d’un corps à corps avec la matière. Pour cheminer de cette façon il aura fallu éprouver le désir de provoquer l’inattendu, de dépasser la banalité du regard.
Hugues Leiser
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